Dans le cadre de la transition écologique, de la loi de transition énergétique pour la croissance verte publiée le 17 août 2015 et du développement durable, le recyclage des bios déchets s’est imposé, au point de devenir même une nécessité afin de préserver nos ressources et, par extension, de protéger la planète afin d’assurer un avenir vert aux générations futures. Le recyclage des biodéchets, qui représentent plus de 20 millions de tonnes en France, est encore trop peu répandu. Au-delà de l’indispensable lutte contre le gaspillage alimentaire, il est pourtant possible de valoriser les biodéchets, que ce soit en méthanisation ou en compost ! Le tri des biodéchets doit donc se faire à la maison mais il est également important de le faire au bureau. Seulement 40% des entreprises font collecter leurs biodéchets. Et la vôtre ? Quelles solutions peuvent être mises en place et comment organiser le tri sélectif au bureau ? Explications.
Tout d’abord, commençons par la définition, du biodéchet. Le terme de biodéchet est défini depuis 2011 dans le Code de l’environnement (article R. 541-8) comme « tout déchet non dangereux biodégradable de jardin ou de parc, tout déchet non dangereux alimentaire ou de cuisine issu notamment des ménages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que tout déchet comparable provenant des établissements de production ou de transformation de denrées alimentaires. »
Il s’agit donc de l’ensemble des déchets alimentaires et autres déchets naturels biodégradables.
En quelques chiffres, dans l’hexagone, ce n’est pas moins de 18 millions de tonnes de biodéchets qui sont produits par an par les ménages, dont la majorité n’est pas valorisée. Peu triés, ils représentent 30 % de nos bacs d’ordures résiduelles. Chez les professionnels de la restauration commerciale ou collective, le gisement de biodéchets représente plus d’un million de tonnes par an.
Informations clefs
Actuellement, il y a donc 40% des entreprises et seulement 7% des ménages qui font collecter leurs biodéchets, alors que ceux-ci sont compostables ou méthanisables, leur recyclabilité est donc excellente !
Seulement 35% des biodéchets sont valorisés… alors qu’1 tonne de biodéchets recyclés permet de produire 70 m3 de méthane.
La majorité des biodéchets sont jetés avec les ordures ménagères résiduelles, qui représentent jusqu’à 32% du poids des poubelles de tout-venant !
Ils sont ensuite enfouis ou incinérés… ce qui est un non-sens pour ce type de déchet à haute valeur ajoutée.
Face à cette situation, la réglementation oblige depuis 2012 les professionnels à trier à la source leurs biodéchets et huiles alimentaires au-delà d’une certaine quantité de déchets générés.
Objectif zéro déchet : tri des biodéchets, que dit la loi ?
Les pertes alimentaires représentent 10 millions de tonnes de produits par an, pour une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros. Dans ce contexte, le gaspillage alimentaire et le tri des biodéchets ont constitué en 2020 une préoccupation majeure des pouvoirs publics, c’est ainsi que la loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire et l’économie circulaire du 10 février 2020 a été mise en place.
En plus d’avoir pour objectif principal la lutte contre le gaspillage alimentaire, cette loi interdit également la destruction des invendus et rend obligatoire le don alimentaire pour les grossistes dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 50 millions d’euros.
Les organismes ne respectant pas cette obligation s’exposent à une amende d’un montant pouvant aller jusqu’à 0,1% de leur chiffre d’affaires.
De même, la loi de transition énergétique pour la croissance verte publiée le 17 août 2015 a sensiblement renforcé les objectifs relatifs aux biodéchets, en prévoyant le développement du tri à la source des déchets organiques, jusqu’à sa généralisation pour tous les producteurs de déchets avant 2025, pour que chaque citoyen ait à sa disposition une solution lui permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures ménagères résiduelles, afin que ceux-ci ne soient plus éliminés, mais valorisés.
La collectivité territoriale définit des solutions techniques de compostage de proximité ou de collecte séparée des biodéchets et un rythme de déploiement adaptés à son territoire.
Que faire de vos biodéchets ?
Les biodéchets doivent être triés séparément des autres déchets via des poubelles de tri sélectif pour être repris séparément par un prestataire spécialisé qui achemine le flux en compostage ou en méthanisation.
Cette séparation à la source est même obligatoire depuis 2016 pour les acteurs qui en produisent plus de 10 tonnes par an. Elle sera obligatoire pour tous les acteurs sans limite de tonnage d’ici 2025.
Attention : il est interdit de mélanger les emballages en matière fibreuse ou en plastique biosourcé, même si ceux-ci sont soi-disant compostables, avec les biodéchets.
Pourquoi séparer les biodéchets du reste des déchets ?
Les biodéchets qui partent à la décharge sont à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre : en effet, le tassement des déchets alimentaires provoque une importante fermentation dans un milieu sans oxygène, créant ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère…
Ce gaz a un pouvoir de réchauffement global 25 fois supérieur à celui du CO2 et l’incinération de ces déchets produit également des GES et notamment du CO2 lors de leur combustion.
A l’inverse, la valorisation organique via le compostage, l’épandage ou la méthanisation permet de faire retourner au sol ou de transformer des matières organiques brutes en une matière valorisable, le compost ou le digestat, adapté aux besoins agronomiques des sols.
Actuellement, l’appauvrissement des sols en matières organiques est un réel problème, qui pourrait justement être pallié par les composts de biodéchets.
De même, pour les digestats issus de méthanisation, la substitution des apports en engrais de synthèse par des engrais organiques comme ces digestats est également un point positif d’un point de vue environnemental.
Que deviennent les biodéchets collectés ?
Les biodéchets doivent être triés séparément des autres déchets via des poubelles de tri sélectif pour être repris séparément par un prestataire spécialisé qui achemine le flux en compostage ou en méthanisation.
Les biodéchets peuvent être méthanisés ou compostés. La méthanisation est un processus de récupération de l’énergie par fermentation de la matière. Alors que le compostage permet de produire un riche amendement pour les sols.
Vers la généralisation du tri à la source des biodéchets
Le tri à la source des biodéchets, c'est-à-dire au plus près du lieu de génération chez les ménages comme chez les entreprises, est nécessaire pour détourner ce flux de déchet de l’élimination, et permettre un retour au sol de qualité par une valorisation agronomique de ces déchets biodégradables.
Le tri à la source généralisé s’articulera donc autour de plusieurs solutions, avec pour objectif commun d’offrir une solution de tri à la source des biodéchets pour chaque citoyen de France d’ici 2025.
Ces solutions peuvent être, de manière complémentaire, le déploiement de la gestion de proximité des biodéchets, par le développement du compostage :
- Domestique : déploiement de composteurs individuels
- Partagé : déploiement de composteurs de pieds d’immeuble, de quartiers, directement dans les établissements